Palmade : la chute et le drame

Emission « C dans l’air » du lundi 15 février 2023

Cinq jours après le dramatique accident de la route impliquant Pierre Palmade, l’enquête progresse. Un homme, suspecté d’être l’un des deux passagers présents dans la voiture de l’humoriste, a été interpellé ce mercredi à Clichy-la-Garenne dans les Hauts-de-Seine. Le comédien qui conduisait sous l’emprise de la cocaïne lorsqu’il a percuté le véhicule qui arrivait en face, vient d’être placé en garde à vue. Il est interrogé dans le cadre de l’enquête ouverte pour « homicide et blessures involontaires ayant entraîné une incapacité totale de travail supérieure à trois mois, par conducteur sous l’emprise de produits stupéfiants ». Sa sœur avait pris la parole pour lui hier dans un communiqué de presse : « Il se réveille peu à peu et réalise l’horreur de ce qui s’est passé, de ce qu’il a causé. Il est catastrophé, il a honte (…) L’idée d’avoir détruit la vie de cette famille le dévaste. Il prie, et nous avec lui, pour qu’ils s’en sortent avec le moins de séquelles possibles (…) Aussi vain que cela puisse paraître, Pierre leur demande pardon du plus profond de son âme ». Peu après, la famille des trois personnes gravement blessées, un homme de 38 ans, une femme de 27 ans, qui a perdu le bébé qu’elle attendait, et un petit garçon de 6 ans, a fait savoir par la voix de leur avocat qu’ils restaient « insensibles aux excuses présentées » et qu’ils espéraient que « la notoriété » de l’humoriste « n’influera pas sur l’enquête ».

Un drame qui émeut depuis plusieurs jours les Français et met également en lumière les dangers liés à l’usage de stupéfiants. En France, un accident mortel sur cinq implique un conducteur testé positif aux stupéfiants (soit environ 700 morts chaque année). Les nuits de week-ends, c’est un accident mortel sur trois, ajoute le ministère de l’Intérieur. Mais pour nombre de spécialistes, la prévention des risques liés à la conduite sous l’emprise de drogues n’est pas suffisante, car l’accent est mis aujourd’hui sur l’alcool. Or la consommation de stupéfiants est en forte progression dans le pays depuis plusieurs années. La cocaïne est ainsi désormais la deuxième drogue consommée en France derrière le cannabis. Réservée à la jet-set et au show-biz dans les années 1980- 1990, la cocaïne, devenue moins chère, s’est répandue au point que l’on parle aujourd’hui de véritable fléau. Selon un rapport de l’Observatoire français des drogues, il y aurait plus de 600 000 consommateurs en France, issus aussi bien des classes moyennes que des jeunes, dans les villes mais aussi les campagnes.En 2022, les quantités de cocaïne saisies par la police et les douanes ont aussi doublé. Une drogue qui arrive en France essentiellement depuis la Colombie, la plupart du temps, transportée par bateau et cachée dans des porte-conteneurs, avec le risque d’une corruption grandissante dans les ports. Au Havre, où six trafiquants, accusés d’avoir corrompu des dockers pour sortir la drogue des conteneurs et du port, viennent d’être condamnés à des peines de 10 à 20 ans de réclusion, certains craignent de voir la ville subir le même sort que celui d’Anvers. La ville belge, plaque tournante du trafic de cocaïne en Europe, vit depuis l’été dernier au rythme des règlements de comptes entre groupes criminels. Nos experts :- Damien Delseny, journaliste, chef du service Police-Justice – Le Parisien – Aujourd’hui en France- Ève Roger, journaliste, spécialiste des questions de société.- Laurent Karila, professeur de psychiatrie-addictologie, porte-parole de SOS Addictions.- Benjamin Locoge, rédacteur en chef culture à Paris Match